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27 février 2022 7 27 /02 /février /2022 15:44

Le meilleur buteur de la Can 2021 (jouée en 2022) avec 8 réalisations, comme beaucoup de footeux, est polyglotte.

On l a tous entendu s exprimer en fulfulde (sur une chaîne camerounaise). Certains ont pensé qu il était peul. Pas forcément. Poularophone ? Sûrement.

Il faut savoir qu il est originaire du Nord du Cameroun, de Garoua. Et là bas, beaucoup s expriment en fulfulde sans forcément être peul.
Un Camerounais que j avais rencontré à Paris, avec qui je discutais en pulaar (fulfulde), il m a précisé qu il n était pas peul mais qu il comprenait bien et m a sorti cette blague de là-bas : "fulfulde ummi Maroua (extrême nord), fayii Garoua tampi, yettii Ngaoundere maayi".
En résumé, la pureté de la langue peule décline en quittant Maroua via Garoua pour finir à Ngaoundere.

Les langues en disent long sur la mentalité de l individu. Plus l'individu en maîtrise, plus il est ouvert d esprit et a plus de facultés à aller vers l autre et à s adapter.
Si on reste dans le milieu du football, notamment Sénégalais, le cas le plus emblématique est celui de Keita Balde. Il avoue parler au moins six langues :  espagnol, italien, anglais, français, portugais (un peu) et le pulaar, parce qu il est "poul", dit il.
Avec cette contraction de peul et poular ainsi prononcée, l attaquant Sénégalais s est attiré les moqueries de certains internautes. Les intolérants.

 A ses débuts avec le Sénégal, il ne parlait pas un traître mot de français et maintenant il s exprime couramment. Il est à féliciter pour son intégration. Du groupe, il fait partie des plus cool et faciles à vivre, parce que très ouvert et blagueur.
Dans son interview par le sponsor des Lions, il disait aimer les langues, dans une autre, sa maman disait, qu enfant, Balde "parlait beaucoup".

Une orthophoniste chez qui j emmenais ma fille me confiait que c est une bonne chose qu un enfant soit bavard : "un enfant qui parle beaucoup est un adulte qui s exprime bien".
Sachant que la parole est pouvoir...

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17 août 2021 2 17 /08 /août /2021 19:07

Un pur poète de la chanson populaire pulaar s'en est allé

 

Comme ses illustres prédécesseurs qu'étaient Samba Diop « Leele », Thioukel Sam..., Sammba Hammaat Gaajo a connu un réel succès dans le Fuuta-tooro, mais il est resté inconnu du Bureau Sénégalais du Droit d'Auteur (BSDA) et quasi méconnu des médias nationaux (publics et privés). Clandestinement, comme le fut son existence artistique, ses fans pleurent sa disparition.

 

Né à Ndiafane Sorokoum, dans le Bossea, dans l’actuelle région de Matam (Nord-est du Sénégal), Sammba Hammaat Gaajo a commencé à chanter en 1984 avec un groupe appelé « Momti gondi » (sécher les larmes en pulaar). Après un succès relatif dans les villages environnants, le groupe se sépara. Pour pouvoir continuer à faire le métier qu'il aime, Sammba Hammaat créa avec ses nouveaux compères un ensemble nommé « Tinndiinoore Fuuta » (Eveil Fouta). C'est avec ses nouveaux musiciens que sont Sileymane Samba Malal ou Siley Hoogeere (choriste), Abda Niang (hoddu), Chérif Samba Sy (guitare) qu'il connut le succès dans tout le Fuuta-Tooro.

 

Il n'est pas un village du pays pulaar qui ne connaît pas « Sammba Hammaat », même si, malheureusement pour l'artiste, les cassettes qui ont fait sa notoriété ne sont quasiment jamais sorties dans un circuit légal. C'est toujours sur invitation d'un fan qu'il se rend au village de celui-ci pour faire un « hiirde », le soir donc, enregistré avec un magnétophone. Et après, de bouche à oreille, la cassette va être copiée de façon artisanale et en toute illégalité. Pour ce support audio, Sammba Hammaat ne pouvait pas faire valoir les droits d'auteurs. Des années avant lui, Thioukel dénonçait les « banda simminam », les fameuses cassettes « piratées ».

 

Les générations futures auront tout de même la chance de mettre un visage sur son nom, puisqu'en France des producteurs, à l'instar de Samba Ganghe, ont sorti (du vivant du chanteur) des DVD regroupant sous forme de clips ses airs les plus connus. Dans ces vidéos, on connaît mieux l'artiste qui y raconte son parcours. On y apprend qu'il n'a pas vécu longtemps avec son père, c'est donc le frère de celui-ci qui l'a éduqué. Et comme le veut la tradition au Fuuta, c'était mal vu qu'il chante, puisqu'il n'est pas « ñeeño », mais il a défié avec politesse l'autorité de son père de substitution pour chanter, lors du jumelage de son village avec celui de Agname Goli.

 

Comme beaucoup de gens de la vallée du fleuve du Sénégal, il a un amour réel pour le « Rewo », la Mauritanie (voir https://youtu.be/ikVGAy-l8cQ). Pour les riverains du fleuve frontalier, de part et d'autre du cours d'eau, c'est une même entité culturelle et géographique. Quand on est sur l'une des rives, on aperçoit les gens de l'autre côté, comme des voisins. Son principal inspirateur dans la chanson est Daouda Samba Dièye, originaire de Diaranguel. Il vit, aujourd'hui, en France et se produit régulièrement, avec son hoddu, dans les mairies ou sur invitation des associations culturelles.

 

Pour les inconditionnels de la culture populaire fuutanke, la disparition de Sammba Hammaat est une grande perte. Dans les clips laissés à la postérité, ce sont tantôt des images nostalgiques du Fuuta d'hier, avec des bâtiments en argile, avec des chèvres, des moutons, des vaches qui gambadent tranquillement dans les maisons, tantôt lui et ses amis en pirogue sur le fleuve ou assis sous un arbre dans un des champs du waalo. Il a été au début des années 1990, un grand dénonciateur du régime répressif de Maaouiya Ould Taya, l'ex-dictateur mauritanien à qui il reprochait, dans l'un de ses morceaux de pratiquer « l'apartheid » en Mauritanie. Son engagement n'aura pas été vain puisque celui-ci fut renversé par le Colonel Ely Ould Mohamed Vall en 2005.

 

Poète et philosophe, il chantait que « l'humain aime faire le résistant, alors qu'il est ultra-vulnérable/ l'humain c'est la fleur qui finira tôt ou tard par se faner, les feuilles tomber et se disperser dans la terre/ l'humain ne sait pas quand est-ce qu'il quittera ce bas monde : le jour ou la nuit ? / Ma soeur bien aimée, Coumba s'en est allée par une nuit tristement éclairée par les lampes de ceux qui l'accompagnaient dans sa dernière demeure »  (voir https://youtu.be/h-jzUOYBfm0).

 

Il ajoutait que : « Accéder à des niveaux de responsabilité qu'on n'espérait pas obtenir ne doit pas faire oublier à l'individu d'où il vient/ Celui qui veut être respecté doit pouvoir rendre des services utiles à ceux qui en ont besoin ». Fils de Hamady Fati et de Haby Yéro, né Thiouballo, il reconnaît ne pas connaître grand-chose du monde des pêcheurs. Il a été plus berger qu'autre chose. Un tantinet grivois, mais sans jamais attendre le niveau extrême d'un Thioukel Sam, il ne se gênait pas pour sermonner les femmes du Fuuta sans oublier de rappeler aux hommes leurs devoirs envers leurs épouses.

 

Inutile de dire que ses « conseils » touchaient un large public dans le Fuuta. Il faudra beaucoup d'abnégation au groupe « Tinndinoore Fuuta » pour se relever. Quelques mois avant la disparition de Sammba Hammaat, c'est Abda Niang (hoddu), originaire de Wuro Sire, qui décédait.

 

Source : Voir les DVD « Samba Hamaat Gadio », Vol. A, produit par Samba Ganghe et « Sammba Hammaat Gaajo e Tinndinoore Fuuta », volume 2, produit par Ets Yéro

 

 

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27 juin 2021 7 27 /06 /juin /2021 11:52

La coqueluche de la musique sénégalaise est aimée et adulée par ses fans. Ses chansons qui évoquent les histoires de cœur entre jeunes décrit bien le vécu de la jeunesse tiktokeuse. C’est un reporter des drames sentimentaux des plus jeunes. A l’instar d’un Tupac (comparaison audacieuse) qui romançait la vie des gangsters de quartier qui était lui aussi aimé et adulé, Wally n’arrête pas de faire des va et vient entre la scène et la Police.
Il y a quelques semaines, son nom était cité dans une affaire de vol de véhicules ou de terrain.
Juste avant de faire face à un public à Ourossogui, il sortait de garde à vue la veille où on reprochait à ses danseurs de s’être embrassés (ce qui n’est pas le cas bien sûr). Dans le feu de l’action de pas de danse trépidants, ils ont mimé une embrassade, juste pour leur show. Des officines, apparemment gardiennes des mœurs (qui les a mandatés ?) ont porté plainte. Et les danseurs de Wally, Ameth Sam et Eumeudy Badiane après la garde à vue, dorment depuis en prison.


Exagéré comme « sanction ». Au Sénégal, certains, les plus sonores en tout cas, voudraient que des saltimbanques aient le même sérieux qu’un khalife général. Erreur. Si on n’y prend garde, on est entrain de faire le lit aux religieux extrémistes. Sous prétexte de lutte contre la vulgarisation de l’homosexualité, on bride nos artistes. Même en Arabie Saoudite, patrie de l’islam rigoriste, on est entrain de desserrer l’étau. Au Sénégal, pays de la Teranga, on est entrain de tourner le dos à ce qui faisait notre singularité : la tolérance.
Laissez nos artistes faire leur métier : divertir. Aux Usa, l’industrie de l’entertainment (divertissement) est pourvoyeuse de millions d’emplois. Au Sénégal, on veut en faire un marche-pied pour la prison. Faut refuser.

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8 mai 2021 6 08 /05 /mai /2021 17:19

 

Revue de l'Ardf : Première édition
Revue de l'Ardf : Première édition
Revue de l'Ardf : Première édition
Revue de l'Ardf : Première édition
Revue de l'Ardf : Première édition

Revue de l'Ardf : deuxième édition

 

Revue de l'Ardf : Première édition
Revue de l'Ardf : Première édition
Revue de l'Ardf : Première édition
Revue de l'Ardf : Première édition
Revue de l'Ardf : Première édition
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9 mars 2021 2 09 /03 /mars /2021 11:03

08 MARS 2021

Au Sénégal, en 2021, il n'est pas facile :
D'être jeune
D'être une jeune fille
D'être une jeune fille orpheline de modeste condition
D'être une jeune fille orpheline de modeste condition et oser porter plainte pour viol contre un homme politique de premier plan.

Parce que le MONSIEUR, fin stratège, peut manipuler une jeunesse désœuvrée, endormir les intellectuels les plus perspicaces, embrouiller les religieux les plus désintéressés, inhiber les complaintes des féministes les plus courageuses...pour crier au complot. Et ça à l'air de fonctionner. 

Quelque soit l'issue de cette affaire, Adji Sarr en est la principale victime. Elle est déjà dans l'Histoire.

Notre justice indépendante (j'y crois) devra jouer un habile numéro d'équilibriste : instruire l'affaire (pour respecter les droits de la plaignante) sans donner l'impression de marcher dans un complot (pour calmer la situation).
 
Ce sera une belle occasion de redorer son blason aux yeux de ceux qui pensent qu'elle marche à deux vitesses. 

C'est la Journée de la Femme mais celle-là qui défie les grands hommes.

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11 décembre 2020 5 11 /12 /décembre /2020 11:31

Par Dr Mamadou Ibra "Siikam" Sy

Poser une telle question c'est déjà avouer que nous abordons un sujet sensible parce que malheureusement, nous vivons dans un univers où le rejet de l’interrogation est souvent érigé comme un rampart pour cacher l'ignorance de ceux qui prétendent connaître. 

Pour la plupart des musulmans, l’ignorance de la religion musulmane, de sa charpente et de sa sève religieuse pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs dont les plus éminents nous semblent être l’attitude des premiers interprétateurs, la peur d’une possible jungle d’interprétations, le désir de garder le monopole de la connaissance, l’analphabétisme et la non maîtrise de la langue originelle de l’islam par les populations africaines. Ces facteurs ont certainement fini par emprisonner l’islam et son interprétation dans un cadre interprétatif primaire et restrictif. Or, cette interprétation primaire, dans son contexte africain, avait pour objectif, d’éloigner l’Africain nouvellement converti, de la réalité religieuse et linguistique qui l’avait vu naître, l’avait façonné, avait guidé ses pas jusqu’ici et à laquelle il reste émotionnellement attaché. 

Depuis quelques jours, une vidéo circule sur l'internet dans laquelle on voit une foule, d'hommes et de femmes, prier en peul. Quelques mois plus tôt, c'était une autre vidéo qui montrait une scène presque similaire mais dans une langue qui serait le malinké. Même si nous ignorons les lieux où ces images ont été filmées ou les dates de capture, leur existence ne peut que susciter un intérêt intellectuel majeur. En effet, elles seraient les prières manifestations récentes, connues et visibles, d'un début de révolution linguistique au sein de l'univers islamique noir et africain. 

Bien sûr que les masses à convaincre sont encore énormes et le degré d'acculturation encore tristement profond. Mais de plus en plus, certaines populations et certains leaders religieux africains prennent conscience de la nécessite d'ériger un mur entre le véhicule linguistique originel et le message de la religion. Cet élan réformiste ou progressiste n'est pas un défi propre et exclusif à l'islam et aux défenseurs du puritanisme islamique originel. Les autres religions dites modernes n'ont pas échappé à ce sort même si leur bond linguistique a eu lieu des siècles plus tôt. 

Presque partout, au départ, certains ont pris la langue de leur prophète comme étant la langue de la Divinité et de la religion. Voilà la racine du mal. En "humanisant" la Divinité, consciemment ou pas, mais très souvent consciemment, les interprétations ont donné un cachet religieux à des aspirations terrestres, humaines et égoïstes. 

Les premières populations à embrasser l'islam n’ont jamais voulu accepter l’existence d’une ligne de démarcation entre la religion de l’islam et la langue arabe. Elles ont partout voulu user de l’argument religieux pour faire avancer un agenda idéologique et linguistique qui en fait n’avait rien d’islamique. Aujourd'hui, l'argument religieux est renforcé et peut-être même remplacé par un complexe linguistique nègre. 

Progressivement, on fit de l’arabe, la langue du Prophète de l’islam (PSL) et du contenu du Livre saint, un outil de domination des masses noires. On a voulu prendre le contenant originel comme étant inamovible. Et toute tentative de substitution du contenant a été vite interprétée comme étant une déviation du contenu, une menace au message. Leur argument fallacieux est simple; en canalisant les interprétations, on "sauvegarde" le message originel. En réalité, la véritable raison de cette résistance,  de cette obstination, est à chercher dans la volonté de maintenir le pont linguistique créé entre l'islam et la langue arabe.   

Mais cette peur, réelle ou imaginaire, de l'interprétation on ne peut la comprendre sans remonter au début de l’islamisation du continent noir. L'islam présenté aux Africains n'est pas simplement une religion, c'est aussi une langue et une culture. C'est à ce niveau qu'on comprend l'élan de pyramidisation des langues. En effet, lorsque l’islam a franchi l’Arabie pour la terre de Fari, les populations arabes, semi-arabes et berbères arabisées ayant embrassé la nouvelle religion ont trouvé dans cet imbroglio linguistico-religieux une raison de plus pour promouvoir la langue arabe au détriment des langues africaines. On assista alors à une interprétation mono-linguistique du message divin. C'est alors le début de la fossilisation linguistique du message divin.  

Mais il faut rappeler ici que lorsqu’un prophète est choisi parmi un peuple, c’est d’abord pour s’adresser à ce peuple à travers sa langue. La langue de ce prophète doit donc forcément être la langue de rédaction de son message. Historiquement et chronologiquement, la langue arabe a précédé l’islam. Et puisque le Prophète de l’islam (PSL) était un Arabe, la logique voudrait que son message soit en arabe ; l’écriture originelle de cette religion aussi. Cela ne voulait nullement signifier que la langue arabe était supérieure aux autres langues. 

En fait, dans l’histoire de l’humanité, le Prophète de l’islam (PSL) est le seul à utiliser l’arabe pour véhiculer son message ; les autres avant lui ont utilisé d’autres langues pour véhiculer le message divin et s’adresser à leurs peuples. Donc, le message des autres prophètes de l’humanité a obéi à cette même règle et à ces mêmes normes. Il ne pouvait en être autrement. En effet, comment voudriez-vous envoyer un prophète hébreu chez des Peuls pour s’adresser à eux en hébreu et espérer l’adhésion en masse des descendants d’Ilo Yaladi ? 

Pour ce qui est de l’islam, le choix de l’arabe comme véhicule de communication répond simplement à cette logique historique et linguistique. Tous les prophètes de l’humanité ont reçu leur message dans leur langue maternelle pour s’adresser d’abord à leur peuple. Mais lorsque le message divin atteint l’universalité souhaitée, la langue du message originel devient secondaire par rapport au contenu du message. De ce fait, une xutba en arabe n’est pas supérieure à une xutba en français ou en anglais. Un verset lu en arabe ou en peul ne changerait rien du tout au message véhiculé. 

Si nous acceptons que tous les humains sont nés égaux, qu'ils sont tous des créatures de la même Divinité et que toutes les langues sont égales, alors le choix de la langue de lecture du Coran ne doit point poser de problèmes. Rejeter le choix d'une langue autre que l'arabe, c'est remettre en cause le fondement même de l'islam. 

Pour rappel, le Dieu de l’islam n’utilise pas le prisme de nos stratifications sociales ou linguistiques pour primer, réprimer ou supprimer. Et Il n’opère point de stratification linguistique sélective. 

Siikam Sy

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23 octobre 2020 5 23 /10 /octobre /2020 06:43

Des clés pour comprendre l’histoire politique du Nigéria et la crise actuelle : une histoire tourmentée.
Le Nigeria, c’est d’abord une population estimée à 214 millions d’habitants, ce qui en fait le pays le plus peuplé d’Afrique (voir fiche wikipedia) pour une superficie de 924 000 km2. C’est un Etat Fédéral (36 Etats en tout) et quelques 250 ethnies. 
Dans l’histoire, au temps des colons britanniques, le pays était divisé en 3 régions (le Nord musulman, le Sud et l’Est chrétiens et animistes). Pour schématiser un peu, le Nord plus imposant est habité majoritairement par les Peuls et Haoussas, le Sud par les Yorubas et l’Est les Ibos.
Aux premières heures de l’indépendance du Nigéria, les Ibos (ou Igbos) jouaient les premiers, parce que mieux instruits que les populations du Nord. Le Premier PR du Nigeria était un Ibo du nom de Nnamdi Azikiwe. Son successeur aussi, le Général Johnson Aguiyi-Ironsi. Ce dernier sera tué lors d’un coup d’Etat de militaires musulmans. Il s’en est suivi une multitude de coups d’Etats qui ont permis au Nord de reprendre le pouvoir. Les Ibos ont tenté une sécession en 1967 (avec la France de de Gaulle et Foccart comme soutien) sans succès avec la guerre du Biafra (1967-1970) qui aurait fait plus de 2 million de victimes (les Ibos se sentant lésés par les découpages administratifs ont voulu faire sécession). 
Depuis 1999 (fin de la dictature et des coups d’Etat), le pouvoir est alternativement exercé par un originaire du Nord ou du Sud. Les Ibos de l’Est rongent leur frein. Et en 2013 a été créé l’IPOB (mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra) dirigé par Nnamdi Kanu. Assez vindicatifs et agressifs, les jeunes de ce mouvement manifestent en bloquant des routes, attaques de commissariat, et autres troubles à l’ordre public etc. En 2017, le ministère de la Défense du Nigeria l’a qualifié d’organisation terroriste, selon Jeune Afrique.
Les troubles actuels au Nigeria pourraient découler de ceci.

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20 octobre 2020 2 20 /10 /octobre /2020 13:19

Le 11 octobre 2020, l'Ardf a approuvé à 94,87% le projet de statuts de la coordination des sections. Score soviétique. 

C'est quoi le projet de la coordination des sections ? 

Il s'agit de regrouper dans un cadre formel toutes les sections représentatives des Danthiadynabé où qu ils soient. En simple, les sections de Adda (Association pour le développement de Danthiady) à Danthiady, Dakar, Kaolack...vont se retrouver ainsi dans un cadre plus  organisé, plus formel avec les ARDE (Association des Ressortissants de Danthiady à l'Étranger) soit les sections d'Amérique du Nord (Usa et Canada), du Congo, du Gabon et de la France.
L'ARDF était représentée dans ces réunions par Abou A. Kane, Salif Anne, Samba Abou Ba et Abdoulaye I. Ndiaye. 

Le vote : mode d'emploi

Le Secrétariat général de l'ARDF, Samba Abou et Abdoulaye I. Ndiaye, a envoyé par voie postale, par mail, par whatsapp à quasiment tous les membres recensés de l'Ardf. Samba Abou a fait une vidéo en pulaar où il expliquait et résumait le projet pour la coordination des sections, également envoyée individuellement et dans les groupes Whatsapp dédiés.Le Secrétaire général de l'Ardf a personnellement appelé des membres pour leur expliquer la démarche. De mon côté, j'ai envoyé, appelé et rappelé des membres déjà contactés. 
J'ai même imprimé le texte des statuts, marché (avec mes deux pieds) pour donner le texte main à main à des membres. Un vrai tir de barrage que le Secrétariat a fait.
Au final, 50% des membres, ayant reçu le texte se sont abstenus. C' est leur droit. Sur les autres 50%, deux membres ont voté non, c'est normal. Et l'écrasante majorité a approuvé, c'est appréciable. 

A déplorer 

Dans la vie associative, le débat contradictoire est normal et banal. Il ne l'est plus quand un membre sort du champ du débat et balance des insinuations qui n'ont pas leur place dans le panel. C'est regrettable. Mais on comprend. Chacun s'exprime selon son tempérament et son niveau de compréhensions des choses.

A retenir

Le débat contradictoire, plus que nécessaire dans une vie associative, les encouragements des membres qui ont approuvé notre démarche (ils sont majoritaires).

Le projet de statuts de la coordination (ca porte bien son nom) n'est pas un texte définitif.  Il est perfectible : on attend donc les amendements des uns et des autres.
C'est l'occasion de remercier le Dr Abdoulaye Baila Ndiaye qui a produit les textes (les statuts de la coordination et le document encadrant le Fonds de solidarité), après un large consensus pendant nos réunions Zoom. Des réunions, faut-il le rappeler, qui ont débuté au mois de juin 2020, avec une réunion toutes les deux semaines.
Nos remerciements aussi aux parents de l'ARDA en Amérique du Nord, de l'ARDC au Congo, de l'ARDG au Gabon qui ont également approuvé la coordination. 

In fine

Dans le débat du 11 octobre 2020 dans le groupe whatsapp "Danthiadynabé de France", j'avais clos la discussion (un peu tendue) sur le vote en rappelant qu'au Fouta, on dit souvent que "aawdi ina nanndi e baasal" (la semence a l'air ridicule par rapport à la moisson). Seulement l'optimiste mise sur la dernière en travaillant dur depuis la première.

C'est ce qu'a fait l'ARDF créée en 1971 à Saint Etienne du Rouvray en Normandie (voir archives photos d'un sommaire compte rendu d'une réunion des anciens de 1982).

 

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9 juillet 2020 4 09 /07 /juillet /2020 16:23

Paru dans le site Ferloo.com le 16 décembre 2018 -

Il n’y a rien de pire que d’être dirigé par une élite ou caste de soi-disant « intellectuels modernes » qui ignorent parfaitement les valeurs et cultures des différents groupes sociaux qui composent le pays. Lors de la cérémonie de lancement de son livre, « Le Sénégal au cœur », le Président Macky Sall s’est offusqué du fait que l’ancien Président Abdoulaye Wade l’a traité de « Maccudo », et que cela était très mal vu dans sa société d’origine, le Fuuta, ce qui a justifié qu’il clarifiât son origine dans son livre

Ce qui m’a surtout poussé à intervenir dans ce débat qui n’est pas à l’ordre du jour certes face aux défis qui nous assaillent, c’est quand j’ai vu et entendu le célèbre journaliste, écrivain et brillant analyste politique Cheikh Yerim Seck en rajouter face à Pape Ngagne Ndiaye, en argumentant que le Président avait raison de clarifier ses origines comme ses parents au Fuuta sont toujours dans ces considérations traditionnelles alors que la société Wolof avait dépassé cela. Compte tenu du fait que Cheikh Yerim Seck est très suivi et écouté dans le pays, je me vois dans l’obligation d’apporter cette contribution au débat, afin d’envoyer un faisceau de clarification qui pourrait être utile au lecteur sénégalais de type nouveau.

Ma conviction est que, Maitre Abdoulaye Wade, Professeur de renommée internationale, homme politique hors du commun, qui n’a pas digéré sa défaite au Fuuta face à Macky Sall, malgré ses innombrables réalisations dans cette partie du pays, a piégé le Président Macky Sall pour montrer aux Fuutankés combien ce dernier ignorait la culture dont il se réclame et qui a conduit à un vote presque « ethnique ». Et le Président Macky Sall est tombé dans le piège de Wade. Wade ne croyait même pas à un seul mot de ce qu’il disait quand il a traité Macky de « Maccudo », pour qui sait ses relations avec cette catégorie sociale dont les fils ont été les premiers militants du « Sopi » dans le Fuuta sous Senghor et Diouf.

Ceux qu’on appelle de manière péjorative les « Maccube », en fait, sont les « Gallunke » dans notre culture Fulfulde. Les précurseurs du Fuuta démocratique qui a connu sa révolution sous Suleymaan Baal bien avant la révolution française, avaient divisé les classes sociales en plusieurs catégories sur la base principalement de leurs métiers respectifs, afin de mieux organiser la gestion de la cité (politique et démocratie) en prenant en compte les traditions les plus ancestrales. C’est le type de travail et de fonction sociale qu’on avait qui déterminait sa classe sociale, plus liée à la réalité du marché et des échanges, du pouvoir de décision, que d’une quelconque lignée à travers le sang.

Les « Gallunke » sont d’origine guerrière pour la plupart, car capturés lors des conflits et guerres, ou simplement des ouvriers qui travaillaient par la force de leur bras. Ils sont tous considérés comme nobles au Fuuta pour qui connaît réellement les traditions depuis Ilo Elal Jaaje, en passant par le Deeniyanke Koli Tenguella, et le Jaalaalo Niimaa Tenguella (mon ancêtre), jusqu’aux Ardo, et Almaami Souleymaan Baal, et Abdul Bookar Kann. La constitution des Amaami avait subdivisé la société pour une meilleure gestion participative et démocratique du bassin du fleuve Sénégal (Cf. Travaux du Professeur Birane Wane, 1989).

Les Toorobbe géraient le foncier et la répartition des terres, les Ardo Fulbe y compris les Jaawanbe géraient les ressources comme l’or et l’élevage, les Laobes, Sakkeebe (cordonniers), et Wayilbes (forgerons) géraient les matériels et les techniques agricoles, ainsi que les équipements de guerre, les Subalbes (pécheurs) géraient les ressources en eau, le calendrier et la détermination saisonnière des localités de traversée du fleuve Sénégal pour le commerce intérieur et international, etc. Les « Gallunke » du fait qu’ils possédaient les terres plus au Dieri, ceinturaient tous ceux qui avaient des terres dans le Kolongal à côté du fleuve, et détenaient ainsi le pouvoir de décision sur le calendrier agricole et fixaient les périodes de semis et de récoltes. Ils avaient ainsi un rôle primordial dans la sécurité alimentaire au Fuuta. Personne ne peut comprendre les implications de la révolution des Almaami si elle ne les lie pas à la gestion des ressources du fleuve Sénégal.

Dans la mise en œuvre de la constitution des Almaami, les « Gallunke » étaient représentés par leur chef le Jagodin à la table de décisions stratégiques sur le Fuuta dont les réunions se tenaient sur une base trimestrielle, les Toorobbe par l’Almaami, les Fulbes par le Ardo, les Subalbes par le Jaaltaabe, etc. Tous ceux qui s’asseyaient autour de cette table pour prendre les décisions sur le Fuuta étaient nobles. Or le Jagodin y représentait les « Gallunke » ou « Maccube » comme on les appelle péjorativement. Donc personne ne peut affirmer qu’ils ne sont pas des nobles. Ils le sont d’autant plus qu’ils continuent à jouer dans le Fuuta un rôle déterminant, et ont joué des rôles précurseurs dans l’Independence du Sénégal. C’est plus un groupe social qu’une caste comme on le croirait.

Nous sommes tous égaux au Fuuta, seuls ceux qui ignorent leur passé ou qui tentent de justifier des insuffisances par une quelconque noblesse de sang battue en brèche par la constitution des Almaami depuis le 18ieme siècle, se cachent derrière certaines considérations. D’ailleurs, un des plus célèbres articles de la constitution des Almaami est le suivant : « Ndimaagu wonaa yiiyam, ko godle et badle » qui signifie que la noblesse est déterminée par le travail, les faits et gestes, non par le sang.

Ceux qui se targuent d’être des intellectuels et qui copient la France doivent déchanter. En France, il y a toujours des castes qui se battent pour leur liberté. Il faut regarder ce qui se passe avec les « gilets jaunes ». Il y a aussi des castes d’immigrés qui luttent pour le droit d’être reconnus. Il y a enfin des castes de riches et de pauvres. Il y a même des castes de noblesses qui existent encore, et la caste des femmes se bat toujours pour la reconnaissance de ses droits et pour l’équilibre genre. Qui est plus brillant, compètent homme politique français aimé et adulé que Ségolène Royale ? Pourquoi elle n’a pas pu gagner la présidentielle. Parce qu’elle est femme, et ça, ce n’est pas encore intégré dans la tête des membres des castes occultes embusquées.

Dr. Abdourahmane BA, Kaolack, rahurahan@gmail.com

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24 mai 2020 7 24 /05 /mai /2020 08:39

« Un incroyable détournement d’un clavier synthétique utilisé comme pur instrument de percussion ». C’est la définition qu’en donne Jean-Philippe Rykiel, compositeur français hors-pair. L’instrument dont parle Rykiel est le synthétiseur DX7 fabriqué par le japonais Yamaha entre 1983 et 1987. Qui ne  se souvient pas de la chanson « Sow Poulo » (https://youtu.be/qQnH4tbPARA) du groupe kaolackois "Degue Gui" (pour la petite histoire, leur album avait été produit par le Positive Black Soul) ? Et du son exceptionnel à 2,13 du talentueux Moustapha Faye, claviste de génie ? C’est ce qu’on appelle le marimbalakh ou marimba tout court. Comme toute chose, ce grand moment de culture et de divertissement a une histoire.

 

Préhistoire

La préhistoire, c’est d’abord un musicien français multi-instrumentiste au long cours du nom de Loy Ehrlich, un peu globe-trotter, qui a fait partie du groupe Toure Kunda (1983-1985) et qui, lors « d’un concert en 1984 au Sénégal, a remplacé la partition en balafon du morceau « Salya » par le "marimba". Ce qui a fait tilt chez Habib Faye qui rapporte l’anecdote dans un entretien avec un autre talentueux musicien français Jean-Philippe Rykiel (c’est lui qui a composé "Birima" de Youssou Ndour et ce n’est pas Jimmy Mbaye qui y joue de la guitare, mais bien Rykiel avec son synthétiseur).

 

Avènement du marimbalakh au Sénégal avec le DX7 de Yamaha 

En 1985, Jean-Philippe rejoint Youssou Ndour et le super étoile pour l’album « Nelson Mandela ». Dans ses bagages, le musicien français, en véritable "sorcier blanc", ramène des sons déjà programmés dans son synthé (un vrai travail de recherche) qu’il laissera à la disposition de Habib Faye, également bassiste et compositeur au Super Etoile de Youssou Ndour. Ce dernier perfectionnera le « son » marimbalakh dans le morceau « Wendelou » avant « d’apprendre la technique » à son frère Moustapha Faye. Ce dernier en intégrant le Lemzo Diamono, créé en 1990 par Lamine Faye, (frère de Habib et Moustapha), va populariser le marimbalakh. Ce groupe connaîtra un franc succès durant cette décennie et donnera ainsi le la à un mbalakh new-look. Quasiment tous les groupes de musique adopteront ce style musical qui s’est imposé de fait. Et de nos jours, presque tous les groupes disposent « non pas d’un joueur de clavier, mais d’un marimbiste ».

 

Conclusion

Si on récapitule, y a eu Habib Faye qui apprend à son frère Moustapha la technique de ce son révolutionnaire et « Moustaph » comme il l’appelle va populariser le genre dans le groupe créé par un autre frère, Lamine Faye. Donc, le marimbalakh, outre l’apport des français Ehrlich et Rykiel, (qui est non négligeable), est une affaire de la famille Faye. Hommage leur soit rendu, notamment pour Habib décédé en 2018.

Si Ibra Kassé, pater de Alioune Kassé, de Ndèye Kassé, du regretté Dioudiou Kassé (décédé en 2012) est le « père de la musique sénégalaise moderne », la fratrie Faye (Adama, Habib, Lamine, Moustapha) a jeté les bases de la musique sénégalaise post moderne. Celle-là qui fait la jonction entre le moderne et l'électronique, le mbalakh et le hip hop comme dans ce titre du groupe de rap Akhlou Brick et Wally Seck (https://youtu.be/iB6xUzB2tqM).

 

 

 

 

 

 

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